Police Python 357
Alain Corneau
(1976)
Synopsis : Orléans, Armé de son revolver Colt Python 357, l'inspecteur Marc Ferrot, policier célibataire aux méthodes peu orthodoxes et excellent tireur procède seul à l'arrestation de deux malfrats qui viennent de cambrioler une église. Une jeune photographe italienne aventureuse, Sylvia Leopardi est là par hasard et immortalise la scène.
Ce film admirable est le premier des trois films qu'Yves Montand tournera avec un réalisateur de 33 ans : Alain Corneau. Ces trois films (Police Python, La menace, Le choix des armes) représentent un renouveau du cinéma de genre policier en France. Nourri de ses influences américaine, Alain Corneau réalise la prouesse d'explorer les thématiques des films noirs américains en les ancrant dans le contexte de la province française de la fin des années 70.
La scène d'ouverture du film (voir la vidéo) est, en plus d'être remarquablement filmé car uniquement cinématographique, une parfaite mise en place du personnage de l'inspecteur Ferrot. En effet, ce personnage nous est uniquement montré au travers d'une série de "gestes techniques" (fabrication de ses balles, préparation d'un repas). Son arme semble être un prolongement de lui-même, il manque une partie à sa personnalité. La rencontre avec la jeune photographe Sylvia Leopardi, sera ce morceau manquant. Il deviendra à son contact non plus un technicien mais un homme de sentiment qu'il semble mal maîtriser. Lorsque Sylvia sera assassinée, Ferrot n'est plus qu'une bête traquée. Les événements de la fin du film se chargeront de remettre en place la situation initiale de l'homme technique qui ne peut accéder au statut d'homme de sentiment et qui en gardera un immense fêlure. Ce drame laissera l'homme brisé. Cette construction se rapproche de celle de la tragédie grecque.
Cette construction n'est pas sans rappeler celle de Série Noire, autre grand film de Corneau. Dans cette acharnement dans le mensonge, cette fuite en avant permanente, le personnage de Marc Ferrot peut être considéré comme un prolongement du Franck Poupart de Série noire. Rôle qu'incarnera génialement Patrick Dewaere. Ces deux personnages sont liés inexorablement à leur destin qui les mènera a leur perte.
Autre point fort du film, son trio d'interprètes principaux. Car nous retrouvons hormis Yves Montand, François Périer semblant dirigé par ses impulsions qui ne sont calmé que par sa femme, Simone Signoret calculatrice, froide et qui tire les ficelles dans la coulisse. Stefania Sandrelli m'a paru un peu en dessous de ce trio en or massif. Quelques longueurs apparentes au début du film, qui ne sont là que pour mettre en place le piège qui se refermera sur l'inspecteur Ferrot.
Alain Corneau nous a quitté le 30 Août en laissant quelques très bons films chers au coeur des cinéphiles. Citons parmi les réussites du monsieur : Fort Saganne, Tous les matins du monde, Le cousin, Stupeurs et tremblements. Il mets en scène son dernier film précédé d'une très bonne réputation : Crime d'amour sorti quelques semaines avant sa disparition.
Pour finir avant d'aller faire un gros dodo, la scène d'ouverture de Série noire :
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