Peur sur la ville
Henri Verneuil
(1975)
Synopsis: Le commissaire Letellier a vu sa carrière brisée par le truand Marcucci, à l'issue d'un braquage qui a mal tourné. Muté dans un commissariat terne, il continue à chercher la trace de son ennemi. Au moment où Letellier apprend enfin le retour du braqueur à Paris, un mystérieux tueur terrorise la capitale. Il se fait appeler Minos, par référence à La divine comédie, se présente à ses victimes puis à l'opinion publique comme un « justicier » et étrangle des femmes célibataires à la vie sexuelle libre. Letellier doit alors choisir entre assouvir sa vengeance ou faire son métier de policier et neutraliser un redoutable tueur en série...
Aujourd'hui, nous nous penchons sur un nanar musclé et décérébré... A cette époque, Belmondo sort du film Staviski d'Alain Resnais qui a été un échec commercial relatif (en comparaison des films précédents de l'acteur) et qui a surtout connu un accueil glacial au festival de Cannes en 1974. En réaction, Belmondo décide avec sa société de production de monter des films plus commerciaux. Cette série de films commence par ce Peur sur la ville qui nous intéresse aujourd'hui ...
La scène d'ouverture mettant en scène Léa Massari harcelée au téléphone par un sadique évoque immédiatement les Gialli italiens de Mario Bava et Dario Argento. Même si ce n'est qu'une pâle copie, je me suis dit y a bon ... A TORT ! Car la grande qualité qu'avaient ces films de genre à l'italienne étaient leur premier degré assumé, Bava ou Argento avaient beau nous en foutre plein la tronche avec des scènes outrancières, ils croyaient à leur sujet ! Ce n'est malheureusement pas le cas avec ce film d'Henri Verneuil. Le manque de crédibilité de cette histoire est en grande partie dû à deux éléments : le scénario et Jean-Paul Belmondo.
Notre bébel national en fait des caisses dans le rôle d'un sous-inspecteur Harry à la française. En effet, Les méthodes limites et expéditives du Commissaire Letellier ont tout pour évoquer L'inspecteur Callahan. Mais là encore l'interprétation de Bébel et sa décontraction qui confine à la nonchalance voire à la fumisterie fait que je n'ai pas cru un seul instant à ce personnage. Zéro finesse, fonçons tête baissée comme un taureau ! Son supérieur va même jusqu'à lui dire : "Vous ne trouvez pas que vous en faites un peu trop dans le style petite tronche et gros bras, rien dans le tête, tout dans les muscles." et Belmondo de lui répondre : "Dans le fond c'est quoi les muscles ? Quelques grammes de gélatine durcis placés où il faut. Ça sert aussi quelques fois à faire des flics vivants !" WHAT THE FUCK ??? Un grand moment de comique involontaire !!!
Au niveau du scénario nous ne sommes pas loin du grand n'importe quoi ... Entre autres incohérence : Belmondo poursuit, pendant 10 interminables minutes, le tueur Minos sur les toits de Paris, il le voit, se fait tirer dessus, le tueur lui échappe. Dans la scène suivante, Belmondo le rencontre sur son lieu de travail et lui parle comme si de rien n'était !! Une autre scène (interminable elle aussi) est la poursuite de Marcucci dans le métro et là c'est triste, car c'est Verneuil qui est derrière la caméra, la réalisation n'est pas du tout lisible ! Enfin, le film nous a mené tête baissé dans cette intrigue et dans le dernier quart d'heure, on nous sert une scène d'explications psychologique sur le comportement du tueur ! Cette scène n'est d'ailleurs pas sans rappeler l'excellent I comme Icare, du même Verneuil, qui est avant tout un film d'enquête contemplatif, mais dans Peur sur la ville le changement de rythme ne fonctionne pas du tout.
J'avoue avoir ressenti une certaine tristesse à la vision du film, car c'est un grand réalisateur qui mets en scène ce naufrage. Souvenons nous que Henri Verneuil a réalisé de bon voire très bon films : Mélodie en sous-sol, Week-end à Zuydcoote, La 25e heure, Le clan des siciliens ou encore I comme Icare. Et j'ai gardé le meilleur pour la fin : Un singe en hiver d'aprés Antoine Blondin avec le même Belmondo et Jean Gabin qui sont monumentaux. Et des seconds rôles croustillants : Suzanne Flon, Noël Roquevert, Paul Frankeur ... Les dialogues savoureux d'Audiard ... Bref, un de mes films préféré !
Une petite tranche pour bien finir avant d'aller dormir :
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