The Reader (2010)
de Stephen Daldry
Synopsis :
Berlin, 1958. Un adolescent de quinze ans, Mickael Berg a une liaison avec une femme de trente cinq ans, Hannah Shmitz. Après quelques mois, elle disparait. Huit ans plus tard, Mickael poursuit des études de droit. En assistant au procès d’anciennes gardiennes de camp de la mort, Mickael reconnait Hannah sur le banc des accusés.
The Reader est l’adaptation du livre partiellement autobiographique de Bernhard Schlink : Le liseur. Le film sort sur les écrans américains en Déc.08 et en Juil.09 en France. Pour ce rôle, Kate Winslet recevra l’Oscar de la meilleure actrice. Le film est produit par Anthony Minghella et Sydney Pollack qui décéderont tous les deux durant la réalisation du film.
Le film adopte la structure du flashback. Il est construit en trois parties de durée sensiblement équivalente. La première partie expose, la rencontre de Mickael et Hannah et leur relation. Dans la seconde partie, est montrée la vie de Mickael adolescent étudiant en droit et le procès d’Hannah. Dans la dernière partie, nous voyons la relation qu’entretiennent Mickael devenu avocat et Hannah en prison.
Le rituel de lecture que Mickael fait à Hannah avant l’amour est d’abord montré dans la relation comme un acte d’épanouissement spirituel avant l’acte charnel. Lors du procès, ce rituel prend un tout autre sens. Car c’est au même rituel que Hannah s’adonnait avec des prisonniers des camps condamnés à la mort. Mickael a participé à son corps défendant à la transposition de cette cérémonie macabre. L’exposition que Daldry fait de cette révélation est d’une grande sobriété qui rend ce renversement d’interprétation vertigineux pour le spectateur. Dans cette première partie du film, nous avons cru assister à un rapprochement entre les deux êtres. Or, ceci montre le peu de remords et de culpabilité que ressent Hannah et ne participe qu’à cacher le secret d’Hannah.
Ce secret (Hannah ne sait ni lire, ni écrire) semble bien dérisoire au regard des actes qu’elle a pu commettre pendant la guerre. La réalisation sobre jusqu’alors paraît même excessive au moment de la révélation. Un effet de ralenti et des violons qui grincent sensés nous glacer le sang. Ceci ne cadre vraiment pas avec le ton du film. En somme, l’effet est bien trop hollywoodien pour apparaitre réellement crédible. De même, lorsque Mickael se rends à Auschwitz, la musique induit un suspense alors qu’il traverse les bâtiments. Là encore, l’effet est gratuit et la scène aurait nécessité un tout autre habillage. Une autre scène dérangeante est celle où Mickael est prêt à aller voir Hannah à la fin de son procès. De la neige tombe sur la cour de la prison rappelant la neige tombant sur Berlin au moment de la rencontre de Hannah et Mickael. Celui-ci est propulsé devant son innocence perdue. Il y aurait eu des moyens bien plus légers de nous le faire comprendre.
Le film interroge la conscience allemande d’après-guerre. Comment la jeunesse allemande d’après guerre assume l’héritage des atrocités nazies. Comment vivre avec le poids de la culpabilité ? Le personnage de Kate Winslet est lancé dans les événements de l’histoire avec une immense naïveté et semble même ne pas réaliser la gravité des ses actes. Le président du tribunal l’interroge sur son engagement dans les jeunesses Hitlériennes, elle demande : « Qu’auriez vous fait à ma place ? ». Le film dans ces scènes de procès pose la question de la banalité du mal. Beaucoup de criminels de guerre n’étaient pas des monstres sociopathes mais des gens ordinaires pris dans le système de l’industrialisation de la mort. Cela les amende t’il ? Certes NON !
Par la suite en ne révélant pas ce secret, Mickael inflige à Hannah une punition personnelle et un châtiment au nom de l’histoire. A la fois, pour sa disparition soudaine mettant fin à leur relation et surtout pour son implication dans les crimes de guerre nazis.
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